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claudine à l’école

demi, et c’est une race que j’exècre ; quant à Richelieu, s’il revient souvent, je sais bien qui l’attirera.

— Qui donc ?

— Mademoiselle Aimée, tiens ! Il la mange des yeux.

— Dis donc, chuchote Anaïs, ce n’est pas de lui que tu seras jalouse, alors, c’est d’elle…

(Peste d’Anaïs ! Ça voit tout, et ce que ça ne voit pas, ça l’invente !)

Les deux adjoints rentrent dans leur cour, Antonin Rabastens expansif et salueur, l’autre intimidé, presque farouche. Il est temps qu’ils s’en aillent, la rentrée va sonner et leurs gamins font autant de bruit, dans la cour voisine, que si on les avait plongés tous ensemble dans une chaudière d’huile bouillante. On sonne pour nous, et je dis à Anaïs :

— Dis donc, il y a longtemps que le délégué cantonal n’est venu ; ça m’étonne bien si nous ne le voyons pas cette semaine.

— Il est arrivé hier, il viendra sûrement fouiner un peu par ici.

Dutertre, délégué cantonal, est en outre médecin des enfants de l’hospice qui, pour la plupart, fréquentent l’école ; cette double qualité l’autorise à venir nous visiter, et Dieu sait s’il en use ! Des gens prétendent que Mlle Sergent est sa maîtresse, je n’en sais rien. Qu’il lui doive de l’argent, oui, je le parierais ; les campagnes électorales coûtent