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claudine à l’école

Attends, beau ténébreux, demain ou après, il y aura une chanson sur toi, ou des calembours faciles, ou des sobriquets, ça t’apprendra à séduire Mlle Aimée. Mais… eh bien, quoi donc ? On me rappelle ? Quelle chance ! Je rentre, d’un air docile :

— Claudine, explique Mlle Sergent, venez déchiffrer ça ; Monsieur Rabastens est musicien, mais pas tant que vous.

Qu’elle est aimable ! Quel revirement ! Ça, c’est un air du Châlet, ennuyeux à pleurer. Moi, rien ne me coupe la voix comme de chanter devant des gens que je ne connais pas ; aussi je déchiffre proprement, mais avec une voix ridiculement tremblante qui se raffermit, Dieu merci, à la fin du morceau.

— Ah ! Mademoiselle, permettez-moi de vous féliciter, vous ettes d’une force !

Je proteste en lui tirant intérieurement la langue, la lanngue, dirait-il. Et je m’en vais retrouver les otres (ça se gagne) qui m’accueillent avec des compliments au vinaigre.

— Ma chère ! grince la grande Anaïs, j’espère que te voilà dans les bonnes grâces ! Tu as dû produire un effet foudroyant sur ces Messieurs, et nous les verrons souvent.

Les Jaubert ricanent en dessous, jalousement.

— Laissez-moi donc tranquille, il n’y a vraiment pas de quoi mousser parce que j’ai déchiffré quelque chose. Rabastens est du midi, du midi et