lue, et, comme l’orchestre commence une polka, il l’entraîne hardiment avec lui. Elle, rouge, les yeux demi clos, ne dit mot et danse, gracieusement, ma foi ! Les couples se reforment et l’attention se détourne.
La Directrice reconduite à sa place, le délégué cantonal vient à moi, — attention flatteuse, très remarquée. Il mazurke violemment, sans valser, mais en tournant trop, en me serrant trop, en me parlant trop dans les cheveux :
— Tu es jolie comme les amours !
— D’abord, Docteur, pourquoi me tutoyez-vous ? Je suis assez grande…
— Non, je vais me gêner ? Voyez-moi cette grande personne !… Oh ! tes cheveux et cette couronne ! J’aimerais tant te l’enlever !
— Je vous jure que ce n’est pas vous qui me l’enlèverez.
— Tais-toi, ou je t’embrasse devant tout le monde !
— Ça n’étonnerait personne, on vous en a vu faire tant d’autres.
— C’est vrai. Mais pourquoi ne viens-tu pas me voir ? Ce n’est que la peur qui te retient, tu as des yeux de vice !… Va, va je te rattraperai quelque jour ; ne ris pas, tu me fâcherais à la fin !
— Bah ! Ne vous faites pas si méchant, je ne vous crois pas.
Il rit en montrant les dents, et je pense en moi même : « Cause toujours : l’hiver prochain, je serai à Paris, et tu ne m’y rencontreras guère ! »