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claudine à l’école

serait trop de cruauté de nous faire chanter longtemps par cette température sénégalienne.

— Et puis, vous savez, ajoute Mademoiselle, défense de fredonner l’Hymne à la Nature entre les leçons ! Sinon, vous l’estropierez, vous le déformerez et vous ne serez pas capables de le chanter proprement à la distribution. Travaillez, maintenant, et que je n’entende pas causer trop haut.

On nous garde dehors, les grandes, pour que nous exécutions plus à l’aise les mirifiques travaux destinés à l’exposition des ouvrages de main ! (Est-ce que les ouvrages peuvent être autres que « de main » ? Je n’en connais pas de « pied »). Car, après la distribution des prix, la ville entière vient admirer nos travaux exposés, emplissant deux classes : dentelles, tapisseries, broderies, lingeries enrubannées, déposées sur les tables d’étude. Les murs sont tendus de rideaux ajourés, de jetés de lit au crochet sur transparents de couleur, de descentes de lit en mousse de laine verte (du tricot détricoté) piquées de fleurs fausses rouges et roses, toujours en laine ; — de dessus de cheminée en peluche brodée. Mais ces grandes petites filles, coquettes des dessous qu’elles montrent, exposent surtout une quantité de lingeries somptueuses, des chemises en batiste de coton à fleurettes, à empiècements merveilleux, des pantalons forme sabot, jarretés de rubans, des cache-corsets festonnés en haut et en bas, tout ça sur transparents de papier bleu, rouge et mauve avec pancartes où le nom de