reuse défaille rien qu’à la regarder, et ne résiste plus guère devant nous aux furieuses envies qui la saisissent d’embrasser sa mignonne toutes les trois minutes…
Cette après-midi chaude, la classe bourdonne un « morceau choisi » qu’on doit réciter à trois heures ; je sommeille presque, écrasée de paresse nerveuse. Je n’en peux plus, et, tout d’un coup, j’ai des envies de griffer, de m’étirer violemment et d’écraser les mains de quelqu’un : ce quelqu’un se trouve être Luce, ma voisine. Elle a eu la nuque empoignée, et mes ongles enfoncés dedans ; heureusement elle n’a rien dit. Je retombe dans ma langueur agacée…
La porte s’ouvre sans qu’on ait même frappé : c’est Dutertre, en cravate claire, les cheveux au vent, rajeuni et batailleur. Mlle Sergent, dressée, lui a dit à peine bonjour et l’admire passionnément, sa tapisserie « chûtée » par terre. (L’aime-t-elle plus qu’Aimée ? ou Aimée plus que lui ? Drôle de femme !) La classe s’est levée. Par mauvaiseté, je reste assise, de sorte que Dutertre, quand il se retourne vers nous, me remarque tout de suite.
— Bonjour, Mademoiselle. Bonjour, les petites. Comme te voilà affalée, toi !
— Je suis flâ[1]. Je n’ai plus d’os.
- ↑ Inconsistante, molle.