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viii
préface

vive à découvrir l’incontestable droit qu’ont les pains à cacheter de se classer parmi les comestibles.

Sauvageonne, elle a la spontanéité inconsciente d’un jeune animal souple qui mordille sans méchanceté et câline sans penser à mal : cette gamine qui, sans doute, n’a pas été élevée dans les bons principes, mais non plus dans les mauvais, car elle n’en reçut aucun, cette petite Claudine qui est presque l’enfant de la Nature — ô Rousseau ! — m’apparaît, ma foi, quasi innocente en sa perversité ingénue. Et j’emploie à regret ce mot de « perversité » qui trahit ma pensée — hélas ! notre langue française, si riche, ne comporte point de vocable qui convienne au cas spécial de Claudine — puisque, précisément, je tiens qu’on ne trouve nul vice réfléchi en cette fillette moins immorale que, si l’on peut dire, « a-morale ». Et ceci, je pense, sort de la banalité coutumière aux confidences des demoiselles.

Voilà pourquoi je me suis décidé à publier ce manuscrit, comme m’y autorisait, m’y invitait même une lettre épinglée au premier feuillet avec un portrait « qui date de deux ans » : la pudeur de mon sexe m’a seulement contraint