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claudine à l’école

égal. Elle ne peut pas tout avoir, cette mauvaise rousse, son délégué cantonal et sa petite adjointe, non, non. Plus sans-gêne que jamais, Dutertre vient à moi et passe son bras autour de mes épaules. La grande Anaïs, curieuse, nous regarde en rapetissant ses yeux.

— Tu vas bien ?

— Oui, Docteur, je vous remercie beaucoup.

— Sois sérieuse. (Avec ça qu’il l’est, lui, sérieux !) Pourquoi as-tu toujours les yeux cernés ?

— Parce que le bon Dieu me les a faits comme ça.

— Tu ne devrais pas lire autant. Tu lis dans ton lit, je parie ?

— Un petit peu, pas beaucoup. Est-ce qu’il ne faut pas ?

— Heu… si, tu peux bien lire. Qu’est-ce que tu lis ? Voyons, dis-moi ça.

Il s’excite et m’a serré les épaules d’un geste brusque. Mais je ne suis pas si sotte que l’autre jour, et je ne rougis pas, pas encore. La Directrice a pris le parti d’aller gronder des petites qui jouent avec la pompe et s’inondent. Ce qu’elle doit bouillir à l’intérieur ! J’en danse !

— Hier, j’ai fini Aphrodite, ce soir, je commencerai La Femme et le Pantin.

— Oui ? Tu vas bien, toi ! Pierre Louys ? Peste ! Pas étonnant que tu… Je voudrais bien savoir ce que tu comprends, là-dedans ? Tout ?

(Je ne suis pas poltronne, je crois, mais je n’ai-