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SCÈNE II

LUMÎR, posant sa plume. — Il y a des choses que je ne comprends pas.
LOUIS — Il y a des choses que tu ne comprends pas ? Qu’est-ce que tu ne comprends pas, mon petit ange ? LUMÎR — Ton père avait peur de toi Comment a-t-il accepté ce tête à tête ?
LOUIS — Il n’a pu faire autrement. Il n’a pas pu résister. C’était intéressant de s’expliquer à fond avec moi et de me voir vaincu et suppliant. En outre, il me méprisait. C’était intéressant de me braver en face avec cet argent dans sa poche qui lui chauffait le cœur.
LUMÎR — Et comment a-t-il pu signer cette obligation de trois cent mille francs ?
LOUIS — Bah ! Qu’avait-il à craindre d’Ali ? Tous deux se tenaient par trop de liens et de communications. C’était une assurance à rebours. Il tenait à ce que nous l’aimassions pour lui-même. Rien que ces bons petits vingt mille francs dont il n’a pas eu le courage de se séparer.
LUMÎR — C’est une trouvaille de Sichel.