Page:Claudel - La Messe là-bas, 1919.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




COMMUNION




Ah, ce serait le désert, — et l’on ne me donnera pas de plus grand désert que cette ville,

(Un tramway passe, et j’entends le soleil du matin qui flamboie sur la mer et sur le Brésil),

Ah, ce serait la nuit, — et il n’y a pas de plus grande nuit que le conseil en nous et l’autorité

Qui veut que nous fermions enfin les yeux à toutes les choses créées,

Ah, ce serait la mort, — mais déjà ce sont les cierges et les fleurs,

Et le linceul, et le tombeau béant que garde l’Ange exterminateur,

Ce serait tout cela qu’à l’anéantissement de l’âme à genoux comme une femme qui se voile et qui adore,

Cependant il manquerait ce parfum peu à peu qui se dilate et cette rose peu à peu qui se décolore !