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LA NUIT À LA VÉRANDAH


Certains Peaux-Rouges croient que l’âme des enfants mort-nés habite la coque des clovisses. J’entends cette nuit le chœur ininterrompu des rainettes, pareil à une élocution puérile, à une plaintive récitation de petites filles, à une ébullition de voyelles.

— J’ai longuement étudié les mœurs des étoiles. Il en est qui vont seules, d’autres montent par pelotons. J’ai reconnu les Portes et les Trivoies. À l’endroit le plus découvert gagnant le point le plus haut Jupiter pur et vert marche comme un veau d’or. La position des astres n’est point livrée au hasard ; le jeu de leurs distances me donne les proportions de l’abîme, leur branle participe à notre équilibre, vital plutôt que mécanique. Je les tâte du pied.

— L’arcane, arrivant à la dernière de ces dix fenêtres, est de surprendre à l’autre fenêtre au