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pente de la colline, et dont le demi-cercle de pierre prolongé par des accolades entoure le mort qui, comme un dormeur sous les draps, fait au milieu sa bosse : c’est ainsi que la terre, lui ouvrant, pour ainsi dire, les bras, le fait sien et se le consacre à elle-même. Devant est placée la tablette où sont inscrits les titres et le nom, car les Chinois pensent qu’un certain tiers de l’âme, s’arrêtant à lire son nom, séjourne dessus. Elle forme comme le retable d’un autel de pierre sur lequel on dépose les offrandes symétriques, et, au devant, la tombe, de l’arrangement cérémonial de ses degrés et de ses balustrades, accueille, initie la famille vivante qui, aux jours solennels, vient y honorer ce qui reste de l’ancêtre défunt : l’hiéroglyphe primordial et testamentaire. En face l’hémicycle réverbère l’invocation.

Toute terre qui s’élève au-dessus de la boue est occupée par les tombes vastes et basses, pareilles à des orifices de puits bouchés. Il en est de petites aussi, de simples et de multiples, de neuves, et d’autres qui paraissent aussi vieilles que les rocs où elles sont accotées. La plus considérable se trouve en haut de la montagne et comme dans le pli de son cou : mille hommes ensemble pourraient s’agenouiller dans son enceinte.