entraîne ou ralentit le mouvement, qui relève d’un accent plus aigu le discours de l’acteur, ou qui, se soulevant derrière lui, lui en renvoie, aux oreilles, la bouffée et la rumeur. Il y a des guitares, des morceaux de bois, que l’on frappe comme des tympans, que l’on heurte comme des castagnettes, une sorte de violon monocorde qui, comme un jet d’eau dans une cour solitaire, du filet de sa cantilène plaintive soutient le développement de l’élégie ; et enfin, dans les mouvements héroïques, la trompette. C’est une sorte de bugle à pavillon de cuivre, dont le son chargé d’harmoniques a un éclat incroyable et un mordant terrible. C’est comme un cri d’âne, comme une vocifération dans le désert, une fanfare vers le soleil, une clameur éructée d’un cartilage d’éléphant ! Mais la place principale est tenue par les gongs et cymbales dont le tapage discordant excite et prépare les nerfs, assourdit la pensée qui, dans une sorte de sommeil, ne vit plus que du spectacle qui lui est présenté. Cependant, sur le côté de la scène, suspendus dans des cages de jonc, deux oiseaux, pareils à des tourterelles (ce sont, paraît-il, des Pelitze, ils viennent de Tientsin), rivalisant innocemment avec le vacarme où ils baignent, filent un chant d’une douceur céleste. La salle sous le second portique et la cour tout entière sont emplies exactement d’une tarte
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