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du sol et de la mer, ils retrouvaient le même principe d’énergie plastique, et la Terre suffisait à la fabrication de ses propres idoles. Et, admettant que le tout est formé de parties homogènes, si, pour la mieux poursuivre, ils reportaient sur eux-mêmes leur analyse, ils découvraient que la chose fugace en eux, improuvable, injustifiable, était le fait de leur présence sur la place, et l’élément affranchi de l’espace et de la durée, la conception même qu’ils avaient de ce caractère contingent.

Et si la fraude diabolique ne les eût à ce moment égarés, ils eussent reconnu, dans ce rapport d’un principe d’existence indépendant selon sa notion propre de tout et de son expression précaire, une pratique analogue à celle de la parole, qui implique, restitution intelligible du souffle, l’aveu. Puisque chaque créature née de l’impression de l’unité divine sur la matière indéterminée est l’aveu même qu’elle fait à son créateur, et l’expression du Néant d’où il l’a tirée. Tel est le rythme respiratoire et vital de ce monde, dont l’homme doué de conscience et de parole a été institué le prêtre pour en faire la dédicace et l’offrande, et de son néant propre uni à la grâce essentielle, par le don filial de soi-même, par une préférence amoureuse et conjugale.

Mais ces yeux aveuglés se refusèrent à