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Les Civilisés


I

Dans la cour, plantée de grands flamboyants ombreux, entre la maison et la grille, les doux coureurs tonkinois avancèrent le pousse, un pousse très élégant, laqué et argenté. Et ils s’attelèrent entre les brancards, en flèche. Après quoi, ils attendirent le maître, immobiles comme des idoles jaunes vêtues de soie. Pousse et coureurs faisaient un coquet équipage, pittoresque même à Saïgon, où les petites gens seuls vont encore en voiture à homme. Mais le docteur Raymond Mévil avait beaucoup d’originalité, et possédait d’ailleurs une victoria et de beaux trotteurs. En sorte que le monde lui passait sa fantaisie d’aller en pousse, et de violer la mode, — luxueusement.

Il était quatre heures, l’heure où l’on s’éveille de la sieste. Le docteur ne recevait pas plus tard, — pro-