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XI

Fierce signa le rapport qu’il rédigeait, et le mit en chemise. Après quoi, il ouvrit un carton et regarda des estampes japonaises. Il était six heures passées : la tâche du jour était faite.

Les estampes étaient ingénieusement obscènes. Fierce d’ailleurs n’en collectionnait pas d’autres : il lui plaisait d’honorer ainsi les artistes qui ne s’étaient pas embarrassés des mensonges de la pudeur ; et il vénérait Hokousaï et Outamaro.

Il feuilleta. Parmi des cerisiers en fleurs, et devant des horizons bleutés, des mousmés faisaient l’amour au naturel avec des samouraïs harnachés en guerre ; on ne découvrait que des coins de nudité, mais les plus réalistes. Fierce monologuait.

— « Un art bien curieux. Quel souci de l’exactitude, et quelle fougue dans la sensualité ! Pas d’ironie, pas de blague, pas de ricanement ni de sourire. Mâles et femelles y vont bon jeu bon argent, de tout leur cœur et de tous leurs muscles… »