Page:Claude Debussy, Louis Laloy.pdf/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59

sensation telle quelle. C’est pourquoi elle a rejeté la superstition des contours définis et le procédé des ombres noires, bon seulement pour le dessin. Elle a poussé fort loin l’étude des couleurs, qui sont de son domaine particulier, jusqu’à les analyser en leurs éléments, comme à l’aide d’un prisme. C’est cette représentation d’un ton composé à l’aide de plusieurs tons simples qu’on assigne souvent comme caractère distinctif à l’impressionnisme ; elle n’en définit qu’une partie, qu’on a mieux appelée divisionnisme ou pointillisme. Elle n’est pas indispensable. L’impressionnisme est la peinture des impressions, prises sur le vif et reportées directement sur la toile. Comme le symbolisme, il ne se rapporte qu’au témoignage des sens ; il n’y a plus de conventions, ni de propositions ; le tout pour l’artiste est de voir, comme pour le poète de sentir ; délivré de tout raisonnement préalable, il n’en saisira que mieux la raison des apparences colorées, qui est leur action réciproque et perpétuelle. En ses tableaux, il montrera un aspect total de la nature, d’où ne seront exclus ni la transparence de l’air, ni le reflet du ciel : un incident particulier, dans l’éternel débat des rayons lumineux.