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D’une égale valeur se viennent mesurer.
Là d’un commun accord une louable rage
Dessus ce sang Royal exerce leur courage.
L’espoir de la victoire excitant leur ardeur
Relève le vaincu, renverse le vainqueur.
Tantôt Porus triomphe, et tantôt Alexandre.
Mais pressé de tous deux ne sait à qui se rendre,
N’ose se déclarer, et laisse en cet instant
Le succès du combat incertain et flottant.
De ce choc furieux et l’une et l’autre armée
Chacune pour son Chef puissamment alarmée,
Opposant sa valeur à leurs sanglants efforts
Présente à leur courroux tout un monde de morts.
Lui fait voir que Hydaspe en ravageant la plaine,
Enflé de tant de sang qu’a répandu leur haine,
Dans son débordement entraîne à flots pressés
Des montagnes de morts l’un sur l’autre entassés.
Mais rien ne pût calmer cette funeste envie ;
Et leur fureur lassée et non pas assouvie
Pour donner à leurs coups plus d’espace et de temps
Dérobe l’un et l’autre aux yeux des combattants,
Là par l’ardeur de vaincre encore rallumée
La valeur de leur sang devient plus affamée.
Ils reviennent aux mains avec plus de fureur ;
Par des coups redoublés signalent leur valeur ;
Et la chute du Roi seulement les sépare.
Pour Alexandre enfin le destin se déclare ;
Ce Roi tombe à ses pieds ; il veut le relever ;