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Enfants tumultueux de mon amour extrême,
Ou souffrez que je meure, ou souffrez que je l’aime,
Apaisez le désordre où vous m’avez réduit,
Et ne détruisez pas celle qui vous produit.
N’êtes-vous pas lassés de causer mon martyre ?
Qu’avez-vous observé dans la prison d’Argire ?
Que lui reprochez-vous ? Ah ! Que vous me pressez !
Argire est criminelle, et vous me punissez.
Juges, témoins, bourreaux, de mon sort déplorable
Vous perdez l’innocent et sauvez la coupable.
Vous venez m’exposer l’horreur de son forfait,
Et vous vengez sur moi le tort qu’elle me fait.

ARSACIDE.

Mais Seigneur vous devez.

PORUS.

Que veux-tu que je fasse ?
Pèse mes déplaisirs, regarde ma disgrâce.

ARSACIDE.

Hélas ! Je tâche en vain de flatter vos malheurs.
Je sens que vos soupirs réveillent mes douleurs
Voulant vous consoler ma constance se trouble :
Plus je combats vos maux, plus le mien se redouble.
Oui Seigneur, mes malheurs sont sans comparaison,
Et de mon désespoir j’attends ma guérison.