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DIRCÉ.

Votre doute, Madame, est assez raisonnable,
Et quand vous trahissez un héros adorable,
Peut-être que le Ciel pour venger votre amant…

SÉMÉLÉ.

Ah ! Cruelle veux-tu redoubler mon tourment ?
Mais j’aperçois Momus, et je tremble à sa vue.


Scène II.

SÉMÉLÉ, MOMUS, DIRCÉ.
SÉMÉLÉ.

Viens-tu de Jupiter m’annoncer la venue,
Ou d’une vaine excuse amuser mon espoir ?

MOMUS.

Non, non, vous le verrez.

SÉMÉLÉ.

Je brûle de le voir.

MOMUS.

Pour vous du haut des Cieux il s’apprête à descendre :
Mais un Dieu tel qu’il est peut bien se faire attendre.
Quoiqu’il donne à l’amour ses moments les plus doux,
Les soins de Jupiter ne sont pas tous pour vous.
Vous le voulez donc voir avec toute sa pompe ;
Vous vous abandonnez à l’orgueil qui vous trompe,
Et sans considérer le péril qui le suit,
Vous suivez follement l’amour, qui vous conduit.
Vous aimez mieux le voir d’une ardeur indiscrète
Avec la foudre en main, qu’avec une houlette :