Momus m’a tout appris touchant cette imposture :
Junon vous a parlé sous l’habit de Mercure,
Et pour vous abuser me traitant d’imposteur…
S’il est ainsi, pourquoi connaissant mon erreur,
Me laisser si longtemps dans cette incertitude,
Et livrer mon amour à tant d’inquiétude ?
Hélas ! Si vous m’aimez, fallait-il un moment
Laisser ce tendre cœur douter de son amant ?
Loin de moi d’autres soins vous occupent sans cesse :
Vous ne voudriez pas pour toute ma tendresse
Suspendre un seul moment votre divin emploi ;
Quand on a rien à faire alors on pense à moi :
C’est le sort malheureux d’une faible mortelle.
Hé ! Ne voyez-vous pas, Princesse avec quel zèle,
Je m’oppose aux désirs d’un père et d’un amant :
Je fais dans votre Temple un affreux changement ;
Je soulève l’Enfer, je descend sur la terre ;
J’abandonne le Ciel, ma gloire et mon tonnerre,
Et sachant qu’en ces lieux Minerve a tout pouvoir,
Sous l’habit de Minerve ici je me fais voir.
N’avez-vous pas partout une égale puissance ?
Pourquoi vous déguiser sous une autre apparence ?
Jupiter doit rougir sous un nom étranger :
Un Dieu quand il peut tout n’a rien à ménager.
Ah ! Vous ne l’êtes pas, ou n’osez le paraître.
Que faut-il faire enfin pour me faire connaître ?
J’atteste du destin le pouvoir glorieux,
Que s’il est un moyen pour me connaître mieux…