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JUPITER.

Momus m’a tout appris touchant cette imposture :
Junon vous a parlé sous l’habit de Mercure,
Et pour vous abuser me traitant d’imposteur…

SÉMÉLÉ.

S’il est ainsi, pourquoi connaissant mon erreur,
Me laisser si longtemps dans cette incertitude,
Et livrer mon amour à tant d’inquiétude ?
Hélas ! Si vous m’aimez, fallait-il un moment
Laisser ce tendre cœur douter de son amant ?
Loin de moi d’autres soins vous occupent sans cesse :
Vous ne voudriez pas pour toute ma tendresse
Suspendre un seul moment votre divin emploi ;
Quand on a rien à faire alors on pense à moi :
C’est le sort malheureux d’une faible mortelle.

JUPITER.

Hé ! Ne voyez-vous pas, Princesse avec quel zèle,
Je m’oppose aux désirs d’un père et d’un amant :
Je fais dans votre Temple un affreux changement ;
Je soulève l’Enfer, je descend sur la terre ;
J’abandonne le Ciel, ma gloire et mon tonnerre,
Et sachant qu’en ces lieux Minerve a tout pouvoir,
Sous l’habit de Minerve ici je me fais voir.

SÉMÉLÉ.

N’avez-vous pas partout une égale puissance ?
Pourquoi vous déguiser sous une autre apparence ?
Jupiter doit rougir sous un nom étranger :
Un Dieu quand il peut tout n’a rien à ménager.
Ah ! Vous ne l’êtes pas, ou n’osez le paraître.

JUPITER.

Que faut-il faire enfin pour me faire connaître ?
J’atteste du destin le pouvoir glorieux,
Que s’il est un moyen pour me connaître mieux…