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Je sais bien que ce Dieu consacre ce qu’il aime,
Qu’au sang de votre fille il s’attache lui-même ;
Mais préférez-vous de légères amours,
Aux ardeurs d’un mortel qui dureront toujours ?

SÉMÉLÉ.

Mais enfin que ce Dieu soit constant ou volage,
Je l’aime, je l’adore, en faut-il davantage ?
Je le répète encor, n’aimait-il qu’un moment,
Le plus fidèle époux vaut moins que cet amant.
Au moins, s’il me trahit, si je perds ma victoire,
Je sais plus d’un moyen pour conserver ma gloire,
Et c’est trop pour venger mes vœux humiliés,
De voir un seul moment Jupiter à mes pieds.

LA REINE.

Prince vous la voyez pleine de cette idée,
De l’orgueil de son choix tellement possédée,
Qu’il n’est point de mortel, qu’elle veuille écouter,
Ni peut-être de Dieu s’il n’est pas Jupiter.
Laissez à sa fierté ces biens imaginaires,
Ces nobles visions, ces brillantes chimères.
Vous, portez autre part vos amoureux désirs,
L’ingrate ne veut pas l’honneur de vos soupirs ;
Retirez votre cœur des mains d’une infidèle.

ALCMÉON.

Je vois dans vos conseils plus d’orgueil que de zèle.
Votre fille n’agit que par vos mouvements,
Elle a tout votre cœur, et tous vos sentiments.
Vous croyez que le sang d’une race divine,
A droit de remonter jusqu’à son origine,
Et que sans voir l’abîme, où l’orgueil la conduit,
Il est beau de tomber, quand on tombe avec bruit.
Le Roi… mais il s’avance.