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Scène II.

SÉMÉLÉ, DIRCÉ.
SÉMÉLÉ.

Viens, Dircé, viens calmer le trouble de mon âme ;
Je consultais ici mon orgueil et ma flamme,
Et mon cœur partagé combattait tour à tour,
Tout ce que me disait ma gloire et mon amour.
Tu sais ce que je dois au rapport de Mercure,
Et d’un faux Jupiter la fatale aventure.
Le fidèle Alcméon en secret dans mon cœur,
Me demande un amour qu’usurpe un imposteur :
Ce cœur tout indigné me presse de le rendre ;
Mais ma gloire aussitôt semble me le défendre,
Et je sens de l’orgueil l’impérieuse loi,
Prendre, malgré l’amour, trop de pouvoir sur moi.

DIRCÉ.

Quel est donc cet orgueil, Madame, qu’il s’explique,
Lui, qui parle si fort pour un Dieu chimérique.
La gloire défend-elle à ce cœur abusé,
De préférer un Prince à ce Dieu supposé ?

SÉMÉLÉ.

La gloire permet-elle à ma flamme trompée,
Qui de l’espoir d’un Dieu s’était préoccupée,
D’accepter un mortel, et par ce changement,
Faire éclater ma honte et mon aveuglement ?

DIRCÉ.

Mais d’un scrupule vain votre gloire est gênée :
On vient d’ouvrir pour vous le temple d’Hyménée.