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Ne m’offre plus un cœur que je ne puis reprendre,
Après avoir flatté l’orgueil de mes désirs.
De la flamme d’un Dieu que je crus véritable,
Après cet espoir adorable,
Peut-on s’accoutumer à de moindres soupirs ?

Je te plains, Alcméon, et ce reste de flamme,
Te fait voir le remords d’un changement fatal :
Mais enfin tu sais quel rival,
Ou plutôt quel orgueil t’a chassé de mon âme.
Tu devais de ma flamme attendre un prompt retour,
Après avoir guéri l’erreur de ma tendresse ;
Mais la gloire est une maîtresse,
Qui veut être obéie aussi bien que l’Amour.

Je l’entends cette gloire incessamment me dire,
Qu’un cœur qui s’est flatté jusques à se vanter,
D’enchaîner le grand Jupiter,
Ne doit plus d’un mortel reconnaître l’empire.
Il est vrai que l’Amour à demi révolté,
Honteux de son erreur d’un ton plus favorable,
Parle pour un Prince adorable,
Et ce tendre discours étonne ma fierté.

Soutiens ce mouvement que l’amour autorise,
Prince pour toi je laisse échapper des soupirs,
Et parmi de faibles désirs,
Je te prête un secours dont la gloire est surprise.
Ménage le moment de ce tendre retour,
Et pour ne laisser plus balancer la victoire,
Ne laisse plus parler la gloire,
Je l’ai presque oubliée en faveur de l’amour.