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Ce beau nom vous suffit et c’est assez pour vous
De vaincre une déesse aux yeux de son époux.
J’ai pitié d’un orgueil si faible et si crédule,
Et pour détruire enfin une erreur ridicule,
Qui du grand Jupiter mérite le courroux,
Fantômes décevants évanouissez-vous.
Hé bien m’en croirez-vous ?

Le jardin enchanté disparaît et le parc revient.
SÉMÉLÉ.

Ah surprise mortelle,
J’ai pris pour Jupiter un fourbe un infidèle.

JUNON.

Voilà de votre orgueil la vaine illusion.

SÉMÉLÉ.

Vous me couvrez de honte et de confusion.
Quoi cet amour d’un Dieu, cette illustre aventure,
Quoi tout ce que j’ai vu n’était qu’une illusion ?
Voici ces mêmes lieux où ce perfide amant
Sema tous les appas d’un long enchantement,
Ou de grand amas de plaisirs et de gloire,
À peine en reste-t-il une ombre en ma mémoire ;
Abandonnez ces lieux infidèles amours,
Contre un faux Jupiter ridicule secours,
Allez qu’à d’autres soins votre pouvoir s’applique ;
Enfin d’une Vénus trompeuse et chimérique.

Un des amours.

Nous t’allons obéir, mais s’il faut te quitter
Princesse écoute au moins ce fidèle langage.
Cet envoyé de Jupiter
T’abuse par un faux message :
Ce feint ou vrai Mercure est lui-même un trompeur ;
Sache que ce n’est point un imposteur qui t’aime,
C’est Jupiter lui-même.
Nul ne sait mieux que moi le secret de son cœur.

Les deux Amours s’envolent.