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Son ardeur pour s’éteindre est trop grande et trop belle ;
Dans un cœur immortel l’amour est immortelle,
Et ce feu dont vos yeux sont la source et l’appui,
Doit s’il enflamme un Dieu durer autant que lui.
Souffrez pour un moment qu’en ces lieux je vous laisse ;
Mon destin me l’ordonne et mon devoir me presse ;
Mais songez quand je rends mes soins à l’univers,
Qu’un Empire si beau me plaît moins que vos fers.

SÉMÉLÉ.

Faites votre devoir, grand Dieu vous devez croire
Que je vous aime trop pour trahir votre gloire.
Mais du plus haut des cieux dans ce divin emploi
Laissez tomber au moins quelque regard sur moi.

JUPITER.

Je dois à l’univers les soins de ma sagesse,
Et ceux de mon amour sont tous à ma Princesse.
Mais avant que quitter ce jardin enchanté
Je vais voir si Momus pour votre sûreté
Veille sur la déesse, et le prier encore
D’éloigner ses regards de celle que j’adore.
Ah ! Que je veux de mal Princesse à ma grandeur !
Hélas si j’en croyais et mes yeux et mon cœur,
Je laisserais le Ciel sans maître et sans conduite :
Ma gloire ne se peut sauver que par la fuite.
Vous cependant, Vénus, plaisirs jeunesse amour
Venez prendre ma place attendant mon retour.