Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le ciel respectera ce précieux asile ;
Vous y respirerai un air pur et tranquille,
Que rien ne troublera que vos tendres soupirs,
Et le souffle amoureux des aimables Zéphyrs ;
Ici chaque saison vous donnera des roses,
Les plus charmantes fleurs, et les plus belles choses,
Et pour n’y rendre pas nos plaisirs limités
Chaque jour produira de nouvelles beautés ;
La Mère des Plaisirs vous y suivra sans cesse,
Cette source d’appas, la brillante Jeunesse,
Répandra sur vos jours un éternel printemps,
Et les affranchira de la fureur des ans ;
Mille Ris, mille Jeux, et leur charmante Mère,
N’y prendront d’autre soin que celui de vous plaire ;
Vous y verrez toujours les plus jeunes Amours,
Et tout ce qu’avec eux amènent les beaux jours ;
C’est ici que nos cœurs aimeront sans contrainte,
Jouiront sans dégoût, posséderont sans crainte,
Et ce qui plus que tout doit flatter vos désirs,
C’est un Dieu tout-puissant qui promet ces plaisirs.

SÉMÉLÉ.

Que de biens à la fois ! Mais hélas ! Leur durée.
N’en sera-t-elle point courte et mal assurée ?
Ces plaisirs qui seront les fruits de votre amour,
Suivront-ils le destin de qui les met au jour ?
L’amour n’est pas pour vous un tribut nécessaire,
Vous êtes de ses lois esclave volontaire,
Un Dieu n’aime qu’autant qu’il se laisse enflammer,
Et qui peut n’aimer pas, cesse bientôt d’aimer.
Pardonnez-moi de grâce un peu de défiance ;
Tant de biens pour jamais ont si peu d’apparence,
Que j’ai trop de sujet de craindre un changement.

JUPITER.

Que vous connaissez mal le cœur de votre amant !