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Ces lieux quand vous voudrez vous offrent un asile,
Pour vous comme l’accès l’issue en est facile.
Ici loin de Junon, et loin de votre Cour,
Et sans autres témoins que les yeux de l’Amour,
Nous goûterons tous deux tout ce que dans les âmes
Répandent de douceurs les plus heureuses flammes,
Tout ce que font sentir de joie et de plaisirs,
Le commerce amoureux des yeux et des soupirs,
Les combats d’amitié, de soins, de déférences,
Les flatteurs entretiens, les tendres confidences,
Ces beaux emportements de l’esprit et du cœur,
Ces charmes composés de flamme, et de langueur,
Les doux égarements, les aimables faiblesses,
Les extases d’amour, les transports, les tendresses,
Tout ce qui peut enfin nous flatter tour à tour,
Quand on se donne tout au pouvoir de l’Amour.

SÉMÉLÉ.

Ah ! Que de ces discours la divine éloquence,
Du Dieu dont je doutais me fait voir la présence !
Vous êtes Jupiter, mon doute est éclairci,
Et les Dieux seulement peuvent parler ainsi.
Autrefois d’un mortel j’ai ressenti la flamme ;
Mais ce n’est pas ainsi qu’il régnait dans mon âme :
Je sens bien d’autres feux, et des traits plus puissants,
Un coup d’œil vous rend maître, et des cœurs et des sens,
Et cette liberté notre unique avantage,
De vos divines mains le présent et l’ouvrage,
Pour entrer dans vos fers trouve un penchant si doux,
Qu’on voit bien que nos cœurs s’entendent avec vous.

JUPITER.

Si ma divinité vous paraît si présente,
Je dois vous en donner une marque éclatante.
Je veux que dans ces lieux le comble des plaisirs,
Par un charme éternel remplisse vos désirs ;