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Princesse ouvrez les yeux et voyez l’imposture
D’un art affreux et noir, qui force la nature.
Vous laissez-vous surprendre aux charmes d’un trompeur ?

SÉMÉLÉ.

Vous-même connaissez ce divin enchanteur,
Qui sous les faibles traits d’un enfant de la terre,
Cache le puissant Dieu qui lance le tonnerre.
Admirez quel rival vous fait mon changement.

ALCMÉON.

Jupiter mon rival ! Dieux quel aveuglement ?

SÉMÉLÉ à Jupiter.

Vous voyez…

JUPITER à Sémélé.

J’ai pitié de l’erreur qui l’abuse.

ALCMÉON.

Votre infidélité cherche en vain cette excuse.

SÉMÉLÉ.

Sans doute, et je rougis qu’un changement fatal
Donne au Prince d’Argos un berger pour rival,
Si la bonté d’un Dieu ne daigne vous absoudre,
Craignez de le connaître à l’éclat de sa foudre.

ALCMÉON.

Plût au Ciel, qu’il voulut découvrir à mes yeux
Par un coup de tonnerre, un choix si glorieux.
Du moins en connaissant le Dieu qui me surmonte,
Je mourrais avec joie, et vous perdrais sans honte ;
Mais las ! Ce n’est pas lui, mais c’est vous que je crains
La foudre est dans vos yeux, et non pas dans ses mains.
Mais quoi l’air s’obscurcit et l’orage s’apprête…

JUPITER.

Quel changement soudain excite la tempête ?
Quand je suis sur la terre, il tonne dans les cieux.

ALCMÉON à Sémélé.

Il tonne, et c’est ici le grand maître des Dieux.