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SÉMÉLÉ.

Hé quoi contre un berger et même en ma présence
Un Prince…

JUPITER.

Je réponds ici de sa clémence.

ALCMÉON portant la main sur la garde de son épée.

Vous voyez qu’un berger me brave impunément,
Et vous vous offensez de mon ressentiment ?
C’est trop souffrir.

SÉMÉLÉ.

Ô Dieux !

JUPITER.

Ne craignez rien Princesse.

ALCMÉON.

Quel charme sur mes bras jette tant de faiblesse ?

JUPITER à Sémélé.

Pouvez-vous pour un Dieu craindre quelque danger ?

SÉMÉLÉ.

Ma tendresse d’abord n’a rien vu qu’un berger.

ALCMÉON.

Ce prompt enchantement et ce charme invisible
Me fait connaître enfin cet amant si terrible,
Ce rival dont tantôt vous m’avez menacé.

JUPITER.

Oui Prince, c’est lui-même, et le charme est passé :
J’ai pitié de l’état, où vous met trop d’audace :
Amant de Sémélé vous méritez ma grâce.
Au moins par cet essai connaissez mon pouvoir.

ALCMÉON.

Va ta pitié ne fait qu’aigrir mon désespoir,
Injurieux rival, laisse moi ma faiblesse ;
Accable un malheureux, ou me rend ma Princesse ;
Tu me l’ôtes cruel, et ton charme trompeur
Ainsi que sur mon bras a passé dans son cœur.