Page:Claude Boyer - Les amours de Jupiter et de Sémélé, 1666.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée
JUPITER.

Moi craindre pour ma gloire un choix si glorieux ?
Moi qui pour vous servir, abandonne les cieux ?
Moi qui brûlant pour vous d’une ardeur sans seconde
Néglige sans rougir la conduite du monde ?
Moi qui montre à vos yeux un amant si charmé,
Qu’il cesse d’être Dieu pour être plus aimé ?

SÉMÉLÉ.

Hé bien si votre amour est à couvert du blâme,
Si vous prisez si fort l’honneur de votre flamme,
Jupiter il est temps qu’elle paraisse au jour ;
Il court de fâcheux bruits de ce secret amour,
Et si votre ordre encor me condamne au silence,
Cet amour va périr par mon obéissance :
On presse mon hymen pour le Prince Alcméon ;
J’oppose un autre amant, mais j’en cache le nom.
Ce silence honteux où s’obstine mon âme,
Au sentiment de tous cache une indigne flamme,
Et tandis que ce feu n’osera voir le jour,
Ma gloire est en péril ainsi que mon amour.

JUPITER.

Ne craignez rien ; Amour pour finir votre peine,
Et par mon ordre exprès envoyé vers la Reine,
Lui défend d’écouter un désir indiscret,
Qui veut de votre flamme arracher le secret,
Et par un autre choix tyranniser votre âme.

SÉMÉLÉ.

Tant de précautions à cacher votre flamme,
Le respect de Junon, tous vos déguisements
Ne m’apprennent pas trop quels sont vos sentiments.
En effet, quand un Dieu se fait une maîtresse,
Il doit aimer sans bruit, et cacher sa faiblesse ;
Un Dieu doit s’épargner cette confusion ;
Junon est trop à craindre en cette occasion,