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Car enfin Sémélé vous coûte plus d’un jour,
Et je ne vous crois pas trop bien avec l’Amour ;
Vous vous brouillez souvent avec lui ce me semble.

JUPITER.

Nous nous brouillons exprès pour être mieux ensemble.
Si l’amour avec moi s’entendait tous les jours,
Quelle gloire de vaincre avec ce grand secours ?
Je me fais de l’amour un combat volontaire,
Un doux empressement, une agréable affaire :
Sous l’habit d’un Berger je me déguise exprès,
Pour affaiblir ainsi la force de mes traits,
Et par quelques combats achetant la victoire,
Pour croître mes plaisirs, j’y mêle un peu de gloire.

MOMUS.

Quelquefois en un jour on vous voit demander,
Attaquer, emporter la place, et la céder.

JUPITER.

Oui mais de mon amour apprend tout le mystère.
Quelque glorieux choix, qu’un Dieu se puisse faire,
Sache qu’il ne saurait remplir tous ses désirs :
Son cœur qui veut par tout le comble de plaisirs,
Répare le défaut de ces beautés mortelles,
Par un enchaînement de conquêtes nouvelles.

MOMUS.

Pourquoi vous attacher aux beautés d’ici-bas ?
Nos déesses pour vous sont-elles sans appas ?

JUPITER.

L’Amour n’a pas au Ciel son véritable empire :
C’est ici seulement qu’on brûle et qu’on soupire ;
Dans le séjour des Dieux l’on y vit sans désirs,
Et sans désirs l’Amour a-t-il de vrais plaisirs ?

MOMUS.

Est-il d’autres plaisirs pour le Dieu du tonnerre
Que celui quand il v eut de foudroyer la terre ?