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Vient d’un Amant si fier, si puissant, si terrible,
Qu’en vous le découvrant ma perte est infaillible.
Contentez-vous enfin d’apprendre que ce choix
Vous fera plus d’honneur, que le plus grand des Rois.

LA REINE.

S’il en est ainsi, pourquoi s’obstiner à se taire ?
Puis-je pas, s’il le faut, cacher ce grand mystère ?
Ah ! Que je crains de l’air, dont je te vois agir,
Que tu caches un choix qui nous fera rougir.
Quel que soit cet Amant, il faut que je l’apprenne.

DIRCÉ.

Pourquoi par cet aveu m’exposer à sa haine ?
Puisque de Sémélé vous pouvez l’obtenir,
Ne me contraignez point…

LA REINE.

Faites-la donc venir.
Mais que vient m’annoncer ce merveilleux spectacle !
Viens-tu nous éclaircir, Amour, par ce miracle ?

L’AMOUR porté par un Aigle.

Non Reine, à qui je puis donner ce nom de sœur,
Puisque Vénus est notre mère.
Loin d’aller de ta fille éclaircir le mystère,
Garde-toi de forcer le secret de son cœur ;
Commande-lui plutôt d’aimer et de se taire.
L’aigle sur qui je viens t’imposer cette loi,
T’apprend, qu’elle te vient d’un Dieu plus grand que moi.

L’Amour prend son vol du ceintre du Théâtre vers le fond.

DIRCÉ.

Madame vous voyez ce que les Dieux ordonnent.

LA REINE.

Je le vois avec joie, et l’ordre qu’ils me donnent,