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LA REINE.

Je n’ai rien fait, Seigneur, qui vous oblige à croire
Que le sang de Vénus, dont je tire ma gloire,
Me fasse négliger mon Époux et mon Roi :
Je sais ce que je suis, et ce que je vous dois.
Cet imprudent orgueil qui n’est qu’extravagance,
Vient aux simples mortels d’une simple naissance :
Mais cet orgueil qui suit ceux qui sortent des Dieux,
Est un orgueil illustre, innocent, glorieux.
C’est celui que j’ai mis dans l’esprit de ma fille,
Et si je la préfère à toute ma famille,
Je ne puis le nier, dès qu’elle vit le jour,
Elle eut mes premiers soins et mon premier amour ;
Mais tout ce grand amour et cette préférence
N’ont rien mis dans son cœur plus haut que sa naissance.
Elle a choisi ce Prince et j’ai loué son choix ;
Et si le sang des Dieux avec celui des Rois,
Est entre vous et moi joint par notre hyménée,
Ce grand exemple instruit une fille bien née.
Quoi qu’il semble aujourd’hui, que pour ce digne amant,
Sémélé se dispose à quelque changement,
Je lui rendrai bientôt sa première tendresse :
Mais il faut ménager son âme avec adresse ;
N’y mêlez pas, Seigneur l’aigreur et le courroux ;
Il faut pour la gagner des traitements plus doux ;
Elle doit obéir, mais d’une obéissance,
Qui n’ait rien d’indigne et basse dépendance.

LE ROI.

Je veux bien à vous seule abandonner ce soin ;
Je saurai faire agir mon pouvoir au besoin.
Mais quel est cet amant dont on fait un mystère ?

LA REINE.

Pour de pareils secrets choisit-on une mère ?