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On sait, pour faire à Thèbes un solide repos,
Que voulant allier ce trône avec Argos,
Il faut qu’avecque vous, par un Hymen fidèle,
Sémélé nous assure une paix immortelle :
Un si grand intérêt ne peut être ignoré.

ALCMÉON.

Cependant mon malheur, n’est que trop assuré.

LE ROI.

Je sais bien que ma fille au moins en apparence,
Dans ses premiers désirs marque quelque inconstance ;
Mais parmi les amants cette ombre de froideur
Peut changer le dehors sans aller jusqu’au cœur.

ALCMÉON.

Seigneur tout est changé ; la Princesse elle-même
D’un air si transporté m’a vanté ce qu’elle aime,
Qu’il n’est mortel ni Dieu qui lui puisse être égal.
Elle veut que je tremble au nom de ce rival,
Et sa fausse pitié qui craint pour ma faiblesse,
Veut que sans murmurer je cède la Princesse ;
Qu’une lâche terreur étouffe mes désirs,
Et cache au fond du cœur jusqu’aux moindres soupirs.

LE ROI.

Madame vous devez connaître votre fille ;
Elle tient plus qu’à vous que toute ma famille.
Plus belle que ses sœurs elle a le premier rang,
Et vous fait négliger le reste de mon sang.
Par cette aveugle ardeur qui possède les mères,
N’avez-vous point rempli sa tête de chimères ?
Vous fille de Vénus, ne la flattez-vous pas
De l’espoir de gagner un Dieu par tant d’appas,
Et qu’un Héros mortel n’est pas assez pour elle ?
Vous me vantez souvent votre race immortelle,
Et Sémélé sans doute, au point où je la vois,
Prend pour lui tout l’orgueil, que vous avez pour moi.