Mais sans autre raison croyez-en ma fierté ;
Nul n’a droit sur ce cœur, s’il ne l’a mérité,
Et puisque ma raison me donne au plus aimable,
Jugez de ce qu’il vaut, s’il vous est préférable :
Blâmez si vous voulez mon cœur de trahison,
Mais faites sur ce choix justice à ma raison.
Quel qu’il soit, ce rival triomphe dans votre âme,
C’est là qu’il peut braver mon courroux et ma flamme :
Mais nous le connaîtrons ce rival si charmant.
Cependant dites-lui que je suis votre amant,
Et qu’on enlève point, sans coûter bien des têtes,
À des gens comme nous de semblables conquêtes.
Quand vous le connaîtrez vous perdrez ce courroux :
Il sied mal avec lui de faire le jaloux,
Et si vous me croyez, sachant ce qu’il faut craindre,
Vous vous plaindrez fort bas, si vous osez vous plaindre.
Peut-être j’en dis trop et plus que je ne veux,
Quand il faut consoler un amant malheureux :
Mais comme votre amour attend tout de mon père,
Je crains que vous fassiez un éclat téméraire,
Et qu’un rival qui peut du moindre de ses coups…
Le Roi vient : échappons à son premier courroux.
Toi demeure ; je cours où mon amour m’appelle.