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On vient de m’assurer qu’on voit naître en votre âme
Le remords d’un adieu favorable à ma flamme :
Depuis que mon amour me retient dans ces lieux
N’ai-je pas fait pour vous ce qu’on fait pour les Dieux ?
C’est de vous aussi bien que du Roi votre père,
Que j’ai reçu l’aveu d’une flamme si chère.
Ai-je arraché ce cœur ? Vous me l’avez donné
Ce cœur, pour qui le mien eut tout abandonné.
Que si pour mériter un don si favorable
J’ignore l’art d’aimer, et de se rendre aimable,
Au moins j’ai dans mon cœur, de quoi vous enflammer,
Si pour se rendre aimable il ne fallait qu’aimer.
Les plus profonds respects, la plus forte tendresse…
Mais je vous parle en vain infidèle Princesse ;
Au désordre inquiet, qui trouble vos appas,
Ingrate je vois bien qu’on ne m’écoute pas.

SÉMÉLÉ.

Que me sert d’écouter n’ayant rien à répondre ?
Vos reproches sans doute ont de quoi me confondre ;
Je ne puis le nier, je vous aimai Seigneur,
Cependant…

ALCMÉON.

Achevez, dites-moi quel malheur,
Quel rival me dérobe une amitié si tendre ?

SÉMÉLÉ.

Prenons un autre temps Seigneur pour vous l’apprendre
Un devoir si pressant…

ALCMÉON.

Je ne vous quitte point
À moins…

SÉMÉLÉ.

Faut-il Seigneur m’expliquer sur ce pont !

ALCMÉON.

Hélas je le vois bien, vous en aimez un autre.