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SÉMÉLÉ.

Ah Dircé, son courroux ne serait pas à craindre,
Si pour vaincre un pouvoir, qui voudra me contraindre,
J’osais lui découvrir la glorieuse ardeur,
Que le grand Jupiter allume dans mon cœur :
Mais l’ordre de ce Dieu me condamne au silence.

DIRCÉ.

Mais l’amour de ce Dieu fait seul votre défense :
Pour vous justifier, il doit paraître au jour.

SÉMÉLÉ.

J’obtiendrai de ce Dieu l’aveu de son amour.
Aussi bien il est temps que son rival apprenne
Que l’ardeur, dont je brûle est fatale à la sienne,
Et qu’un mortel me cède à ce nouvel amant,
Puisqu’enfin c’est un Dieu qui fait mon changement.

DIRCÉ.

De cet amant plutôt songez à vous défaire.

SÉMÉLÉ.

Se défait-on d’un Dieu qui fait tout pour nous plaire ?
Est-il quelque constance, est-il quelque devoir,
Qui puisse résister contre tant de pouvoir ?
Si tu savais l’effet de ces divines flammes,
Et de quel air un Dieu s’introduit dans les âmes ;
Ou bien si tu savais combien l’amour des Dieux
Se saisit aisément d’un cœur ambitieux ;
Car enfin je veux bien t’avouer ma faiblesse,
L’orgueil fait dans mon cœur autant que ma tendresse.

DIRCÉ.

Vous m’avez confié le nom de votre amant :
Contez-moi votre amour et son commencement.

SÉMÉLÉ.

Ah ! Que l’amour des Dieux est fort en sa naissance !
Il peut tout, il triomphe au moment qu’il commence.
J’étais dans ce beau parc où Jupiter m’attend,
Quand au milieu des airs un tumulte éclatant,