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Scène I.

MELPOMÈNE, qui est la déesse de la tragédie, parait au fonds du théâtre, et s’étant avancée, elle dit :

Superbes demi-Dieux dont les noms éclatants
Triomphent de l’oubli, de la mort et du temps,
Vous que je fais revivre avec tant de gloire,
Héros contentez-vous des honneurs de l’histoire.
Le siècle de Louis confond tout votre orgueil
Pourquoi vous retirer des ombres du cercueil,
Pour faire à ce grand Roi quelque nouveau spectacle ?
Son Règne chaque jour nous fournit un miracle,
Et s’il lui faut offrir des objets glorieux,
Dois-je offrir d’autre objet que lui-même à ses yeux ?
Mais de ce grand dessein mon âme possédée
En peut-elle remplir la glorieuse idée ?
Louis se verra-t-il, tel qu’il est aujourd’hui,
Dans tout ce que ma main entreprendra pour lui ?
De ce fonds infini de gloire et de merveilles…
Mais quel bruit importun a frappé mes oreilles.

Thalie qui est la déesse de la Comédie descend du Parnasse sur une nue en jouant d’un Tambour de Basque, auquel se mêle un concert de Violons.

MELPOMÈNE, continue.

C’est une de mes sœurs qui pour quelque succès
Dans un siècle enjoué se flatte avec excès.
Elle vient m’insulter avec cet avantage.