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Il cherche autour de lui dans ces débris funestes,
D’un objet trop aimé les pitoyables restes :
Mais son œil vainement jeté de toutes parts,
Sur un morceau de cendre arrêtant ses regards,
Ne serait-ce point vous, reliques précieuses,
Cendres, où j’allumerai mes flammes amoureuses ?
Recevez tout mon sang, avec ces tristes pleurs,
Que je donne à mes maux bien moins qu’à vos malheurs.
Voyez de vos amants quel fut le plus fidèle ;
L’un détruit ma Princesse, et j’expire pour elle.
Il fut aimé l’ingrat, et je ne l’étais pas.
À ces mots sa douleur achève son trépas,
Et tirant de son cœur un soupir tout de flamme,
Elle emporte avec lui le reste de son âme.

LE ROI.

Voilà le dernier coup d’un malheur sans égal.

LA REINE.

Que vous avons-nous fait pour nous traiter si mal,
Jupiter ? Quoi mon sang pour être aimable,
Pour être trop aimé s’est-il rendu coupable ?
Pourquoi d’un Prince illustre et rival et jaloux
Enlever la maîtresse, ou la choisir chez nous.
Si ce fatal honneur fait ma honte et ma peine ?
Votre amour est-il donc pire que votre haine ?
Hélas ! Puisqu’il produit de si cruels trépas,
Grand Dieu haïssez-nous, ou ne nous aimez pas.

LE ROI.

Dieux quelle surprenante et nouvelle tempête,
Agite tous les airs et descend sur ma tête ?
Quel épais tourbillon se lève autour de nous ?
C’est le grand Jupiter ; est-ce grâce ou courroux ?
Il semble que le Ciel est tombé sur la terre.
Peuples rendez hommage au maître du tonnerre.