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phine, Odette, où la douceur des larmes s’unit à la joie des sourires ; il mêle, avec un art admirable, l’archéologie des Merveilleuses ou de son drame flamand au vif sentiment contemporain, actuel, qui le porte à peindre son temps, à le saisir et a le fustiger au passage. Avec quelle souplesse incomparable ce Parisien de Paris qui a écrit la Papillonne et Maison Neuve, qui enlèvera de verve ce chef-d’œuvre de raillerie, de gaieté, d’esprit, Divorçons ! se pliera à la science, à l’évocation, à la langue même d’un temps ou d’un peuple ! La Haine, traduite en italien, a la saveur même d’une vraie chronique siennoise.

Il sait tout, Sardou, il a tout lu, il cause comme personne. L’auteur dramatique est égalé en lui — et ce n’est pas peu dire — par le merveilleux causeur, érudit, alerte, léger, profond, incomparable. C’est un conteur exquis et un diseur parfait. On l’a bien vu lorsqu’il a lu à l’Académie son discours sur les prix de vertu, brillant comme une de ses pièces, et lorsqu’il a succédé à Joseph Autran dans la Compagnie.

Ce fut pour lui un grand succès de styliste et de lecteur, de diseur en un mot. On pouvait citer le mot de M. Villemain recevant M. Scribe à l’Académie : « Monsieur, votre discours a