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hier, l’un et l’autre, dans leur babil aujourd’hui envolé, papapa (le superlatif de papa). Il les a toujours aimés, le poète, les enfants : un sourire des petits a toujours calmé ses colères et consolé ses douleurs. « Toute ma poésie, c’est vous, disait-il autrefois à ses fils. »

Victor Hugo, en effet, a chanté mieux que toute autre chose en ce monde, ces âmes qui s’éveillent et ces fleurs de chair qui s’ouvrent : les enfants. Il est le poète de la patrie glorieuse ou vaincue ; il est le poète du guerrier qui combat ou du soldat qui meurt ; il a célébré avec un éclat retentissant les légendes françaises qu’il a voulu ramener plus tard à des proportions plus humaines, celle de Napoléon entre autres ; il a été le poète de la couleur dans les Orientales, quelque chose comme un semeur de rubis et d’escarboucles ; il a été le poète du bonheur intime, profond, de l’amour loyal, dans les Feuilles d’automne ; il a été le poète de la rêverie et de la grâce juvénile dans les Contemplations ; il a été le poète de la vengeance, une sorte d’Isaïe républicain dans les Châtiments ; il a eu la grandeur dans Hernani, la pitié dans les Pauvres gens, la tendresse sacrifiée dans le dénouement des