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minés de bonté, s’ouvrent, tour à tour contemplatifs ou malicieux. Une voix gutturale, bien timbrée, un peu aiguë ; des gestes élégants, une politesse d’un autre temps, la politesse française avant les shaken-hands britanniques, une affabilité toute particulière ; quelque chose encore, malgré tant de gloire, d’une timidité naturelle, primitive, celle qui naît d’une juste fierté ; la bonne grâce unie au génie ; un grand charme se dégageant d’un grand homme : tel est Victor Hugo, accueillant ses hôtes et causant de ses souvenirs littéraires en jouant avec ses petits-enfants.

Les deux enfants de son fils Charles sont, en effet, comme le cadre où apparaissent, plus majestueux encore, les cheveux blancs de l’aïeul, et plus sympathique son sourire.

Entre petit Georges et petite Jeanne, qui ont déjà bien grandi, le grand-père que tout Paris a entrevu ainsi à sa fenêtre, semble rajeuni et comme entouré d’une auréole enfantine de vie ardente et de gaieté. Quel peintre essayera de rendre une telle antithèse : cette vieillesse géante et cette grâce lumineuse ? Le rire frais des petits répond aux paroles ardentes du grand-père, celui qu’ils appelaient encore