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saluer en défilant devant sa demeure. Et le flot succède au flot, les bannières succèdent aux bannières, les couronnes s’entassent sur les couronnes ; c’est un tonnerre de vivats, et c’est une pluie de fleurs. Lui, de midi au crépuscule, se tient droit, regardant se dérouler cet immense cortège qui l’acclame.

C’est la fête de Victor Hugo. Ce jour-là, le poète a vu, baissant le front devant son front, la France qui travaille et qui lutte. Vivant, il est entré, comme on l’a magnifiquement dit, dans l’immortalité. Le banquet d’Hernani était la glorification par l’élite. La fête de février 1881 aura été l’apothéose par le nombre.

Maintenant, et aujourd’hui, comment juger un tel homme ? Je viens de l’écrire : il est l’Ancêtre. On ne discute pas un ancêtre, on le salue. À l’heure des crépuscules, le sommet des monts rayonne encore des éclats du soleil couché. Quand nous regardons autour de nous, dans la France de ce siècle finissant, et qu’attristés, nous voyons de l’ombre, il nous suffit de relever la tête pour apercevoir cette lumière, ce sommet blanc comme neige, encore illuminé de reflets d’aurore.

Victor Hugo aura reflété les passions, les