Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.

S’il y en avait une pour le voleur, l’usurier, le cupide, comme il y en a une pour le milan, le loup, le renard !…

Je ne crois pas qu’on puisse devenir riche à moins d’être féroce. Un homme sensible n’amassera jamais.

Et Pétrus daube sur les négociants, sur les marchands, sur les chambrelans, — des détrousseurs, des exploiteurs, des scélérats, à son avis. Tout cela dit avec une furie extrême, une haine qui paraît sincère, une affectation de désespoir farouche qui fait sourire. Voici comment Champavert parle de l’amour.

Qu’ils viennent donc les imposteurs, que je les étrangle ! les fourbes qui chantent l’amour, qui le guirlandent et le mirlitonnent, qui le font un enfant joufflu, joufflu de jouissances, qu’ils viennent donc, les imposteurs, que je les étrangle ! Chanter l’amour ! Pour moi, l’amour c’est de la haine, des gémissements, des cris, de la honte, du deuil, du fer, des larmes, du sang, des cadavres, des ossements, du remords ! Je n’en ai pas connu d’autre ! Allons, roses pastoureaux, chantez donc l’amour !… Dérision ! mascarade amère !

Il y a de tout dans cette préface lugubre,