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apparence, ou si ce sont des bons réels, — comme le fils du mauvais peut être juste, — c’est qu’ils expient les torts de leur race.

Nous qui ne sommes que d’un jour, si la vengeance n’est pas au bout de notre courte et fragile épée, elle nous échappe ! — Mais rien n’échappe à l’épée éternelle de Dieu ! Que cette opinion aille trouver le crime heureux dans le bain de ses prétendus délices ; qu’elle lui troue la poitrine avec sa vrille de fer, qu’elle s’y insinue et lui fasse égoutter le cœur !

Je me suis efforcé tout le long de ce livre à faire fleurir le vice, à faire prévaloir la dissolution sur la vertu ; j’ai couronné de roses la pourriture ; j’ai parfumé de nard la lâcheté ; j’ai versé le bonheur à plein bord dans le giron de l’infamie ; j’ai mis la boue dans le ciel ; pas un de mes braves héros qui ne soit une victime ; partout j’ai montré le mal oppresseur et le bien opprimé… Et tout cela, toutes ces destinées cruelles accumulées, n’ont abouti après tant de peines qu’à me donner un démenti !

Le démenti donné à son livre, la justice envahissant ce foyer d’horreurs, la revanche des bons sur les méchants, c’est la prise de la Bastille par le peuple, le renversement du trône par les faubourgs, le meurtre du passé par la liberté. Il a réussi, ce Pétrus Borel, à peindre en couleurs fortes, et sous