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l’extérieur des choses que de l’intérieur des âmes. C’est le romancier et le dramaturge des sentiments.

Les œuvres s’expliquent par l’existence de leurs auteurs. Pour avoir cette délicatesse de touche unie à tant de vigueur nerveuse, ces vibrations de fin cristal, ce tact et ce goût, il faut avoir un foyer chéri, une femme adorée et supérieure, des enfants à qui l’on veut fièrement léguer un nom glorieux. Tout le secret des élucubrations de certaines gens est dans ceci : ce ne sont point des pères de famille, leur littérature est de la littérature de célibataires. Ce qui me plaît ici, tout au contraire, c’est cet amour de la famille, du coin du feu, des souvenirs d’antan, c’est la sainte affection de la compagne, les espérances mises au front des fils… Mais ai-je le droit d’aller plus loin ? Il se faut arrêter au seuil de toute vie privée, surtout lorsqu’elle est si paisible, si recueillie et si simple. Après avoir trop brièvement expliqué l’œuvre, il est cependant permis de saluer, en l’auteur, un des plus purs exemples de conviction et d’honneur mis au service de nos éternelles consolatrices, les lettres.