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d’en haut qui le guide ; il se perd faute d’idéal. Là est la conception supérieure du livre. Et voilà un homme à la mer ! L’honneur, paraît-il, ne saurait le tenir bien longtemps sur l’eau, et je ne m’en étonne guère, car M. de Camors a jeté cet honneur-là par-dessus tous les moulins et toutes les aventures. En manière de passe-temps il a pris, un jour qu’il pleuvait, la femme de son meilleur ami ; un autre jour, la femme de son protecteur, le vieux général de Campvallon. Il a épousé Mlle Marie de Tècle après avoir, très chastement, il est vrai, adoré la mère. Il a trompé la pauvre femme, il s’est joué d’elle, et c’est à peine, si à la fin, il s’est senti désarmé par les sourires de son enfant. Mais, en vérité, qu’est-ce donc que cet homme d’honneur qui prend de tels chemins, si effroyablement boueux, avec la prétention de ne point se salir ?

On cherchait à deviner, lorsque Monsieur de Camors parut, qui M. Feuillet avait voulu peindre. « Il ne faut pas, dit Alfred de Vigny, en vouloir au public, que nous décevons par l’art, de chercher à se reconnaître et à savoir jusqu’à quel point il a tort ou raison de se faire illusion. Le nom des personnages