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bois, Julie s’ennuie. Qui ne s’ennuierait ainsi ? Il lui faut M. de Turgy pour combler son vague à l’âme. Elle appelle son mariage un enfer. Un enfer, quand elle a des enfants ! Pauvre femme, sybarite de la vie à deux et qu’un pli de roses égratigne, elle ne sait donc pas ce que c’est que de souffrir ? La vie, l’âpre et dure vie l’a donc épargnée, qu’elle prend son dépit pour une douleur ? Mais quoi, c’est bien là la femme d’aujourd’hui, vaine et tombant sans passion, attirée fatalement vers la chute par l’énervement et la fatigue. Les héroïnes exaltées des drames romantiques, les pauvres folles, les Adèle d’Hervay, pouvaient du moins se vanter de connaître la souffrance ; les femmes de la race de Julie ne connaissent que le caprice. A-t-elle réellement du remords cette Mme de Cambre, l’adultère une fois commis ? Cette femme, ce n’est qu’une malade. Sa chute n’a été qu’une affaire de baromètre. Son remords n’est que la suite de son anévrisme. J’ai dit le mot : une, femme de Feuillet. Il les a peintes toutes, je veux dire une catégorie de femmes, d’une touche inoubliable.

Je dirai volontiers qu’au point de vue littéraire Monsieur de Camors est le frère de Julia de Trécœur. Certes le Roman d’un jeune homme