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dent encore la grâce, l’aisance, et peuvent faire, devant eux, plier le colosse en serrant sa grosse main lourde dans leur fine main gantée. La force, c’est le contraire de l’effort. Le maréchal de Saxe donne en souriant une leçon au maréchal ferrant. L’auteur de Dalila, de Julia de Trécœur, de Monsieur de Camors, de Mont-joye, de sa dernière œuvre, si vaillante, Un Roman parisien, peut avoir dans son talent tout le charme enveloppant de la grâce féminine, il est de la race de ceux qui, avec leur élégance nerveuse, donnent à leurs créations l’accent et le sexe mâles.

Je viens de relire encore Julia de Trécœur. Lorsque Sainte-Beuve consacrait, en 1863, à M. Octave Feuillet les deux Causeries qui ouvrent le tome cinquième des Nouveaux Lundis, l’auteur du Roman d’un jeune homme pauvre venait de publier l’Histoire de Sibylle et, en pleine vogue, choyé d’un public à la fois selected et nombreux qui lui est resté fidèle.

M. Feuillet avait écrit Dalila, un chef-d’œuvre ou la passion parle tour à tour le langage le plus ardent et le plus chaste, Dalila, un des rêves de notre jeunesse où la prose semble avoir comme un musical accompagne-