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effet, dans la littérature de ce temps, une physionomie particulière : c’est un gentleman dans toute la force du terme, d’une grâce charmante, accueillante, d’un esprit raffiné, très simple en même temps, sans nulle morgue, aimant la gloire et détestant le bruit, et c’est un romancier hardi, un dramaturge qui a plus osé que bien d’autres, mais qui, dans les analyses les plus subtiles et les plus troublantes de ses romans, comme dans les situations les plus poignantes de ses pièces, garde toujours je ne sais quelle correction supérieure et quelle grâce gentilhommesque qui lui permettent de tout dire et de tout risquer.

J’appuie, dès les premiers mots, sur cette vertu, qui est celle des nerveux : ils ont la force sans avoir l’effort. Une badine vaut une massue et je crois même qu’au bout d’un fin poignet une épée de pur acier est plus redoutable et plus puissante qu’un sabre de cavalerie dans la main d’un rustre. Octave Feuillet, qui a souvent frappé fort, a toujours visé juste. Son escrime est savante, brillante, correcte et loyale. Il y a des éclairs dans ce jeu rapide et sûr ; et je songe volontiers à une lame bien trempée, damasquinée d’or et emmanchée à une poignée